Aider ou ne pas aider ? Là est la question ! Que faire lorsque nous voyons une personne à mobilité réduite dans la communauté ?

Une femme avec des cheveux bruns et des lunettes est dans un fauteuil roulant. Elle est à côté de son fils, proche de la place. Les deux portent des vêtements noirs. On peut voir l’océan et une montagne dans le fond.

 
 
 

Depuis notre plus jeune âge, nous apprenons à faire les choses par nous-mêmes. Et nous sommes souvent valorisés pour notre capacité à être autonomes.

Cependant, lorsque nous voyons une personne à mobilité réduite, nous supposons trop souvent qu'elle est dépendante et qu'elle a besoin d'aide. Ce qui nous pousse à offrir de l'aide rapidement, automatiquement et trop souvent sans même demander. Même lorsque l'aide n'est pas nécessaire.

Par manque de connaissances, devant une personne en fauteuil roulant par exemple, notre tendance sera soit d’être gentils ou d’ignorer et ne rien faire. Ce dilemme nous paralyse plus souvent : devrions-nous offrir de l'aide ou continuer notre propre chemin ?

Quand l'aide est-elle bienvenue ?

Lors d'un récent voyage à Hawaï, ma famille est partie faire une randonnée sur Diamond Head, un cratère fermé surplombant Honolulu. J'aurais adoré les accompagner, mais malheureusement, cette randonnée n'est pas accessible (voir Le droit de partir en randonnée !). Pendant qu'ils s'amusaient, j'ai pensé que je pourrais aussi partir de mon côté. Et comme Honolulu est principalement plat, je savais que je pourrais me déplacer facilement. Après tout, j'avais déjà arpenté ces rues à plusieurs reprises.

Alors que je roulais sur la rue principale près de la plage, j'ai dû ralentir pour pouvoir faire un wheelie sur mes roues arrières pour monter sur le trottoir. Les experts en wheelies ont tendance à accélérer, mais moi j’ai toujours privilégié la sécurité. Je préfère ralentir plutôt que de risquer de tomber. Une chute peut entraîner des fractures, de l'embarras (personne n'aime tomber) ou me pousser à demander de l'aide pour remonter dans mon fauteuil car je ne peux pas le faire toute seule.

Alors que je ralentissais pour monter sur le trottoir, une femme derrière moi crie "laissez-moi vous aider". Comme je sens qu'elle est sur le point de toucher les poignées derrière moi, elle change de direction pour passer à ma droite, tout en disant "oh non, désolé... Je ne devrais pas supposer que vous avez besoin d'aide". En quelques secondes, son monologue interne transparaît dans ses deux commentaires et actions. Ce monologue, je suppose que beaucoup se le disent en silence.

Une conversation sur l'aide ou non

J'ai entendu dans sa voix à quel point elle était désolée d'avoir supposé que j'avais besoin d'aide. J'ai aussi entendu sa gentillesse. Elle voulait évidemment offrir de l'aide si nécessaire. Alors qu'elle était sur le point de s'éloigner de moi, remplie de honte, je l'ai arrêtée avec mon commentaire. "ce n’est pas grave, je vois que vous vouliez être gentille - mais vous avez raison, je n'ai pas besoin d'aide". Et avec ce commentaire, nous avons commencé une conversation sur quand offrir de l'aide et quand ne pas offrir de l'aide.

Évidemment, si je magasine seule, cela signifie que je peux le faire. Il en va de même lorsque je me rends moi-même dans les magasins de ma ville natale. Les gens veulent souvent m'offrir leur aide. Mais si je peux me rendre moi-même aux magasins, cela signifie que je peux probablement faire tout ce dont j'ai besoin pour entrer et sortir de ma voiture, me déplacer dans les allées, entrer dans les magasins et en ressortir avec des sacs. Habituellement, je sais aussi combien je peux acheter en fonction de ce que je peux porter en toute sécurité jusqu'à ma voiture - même si parfois je dois utiliser mes dents pour tenir mon sac sur mes genoux. Si je sais que j'achèterai plus que je peux retenir, soit j'apporte une personne qui marche avec moi, soit je vais dans un magasin qui livre ou qui propose un service de voiture.

Je vais avoir besoin d'aide et l'accueillir lorsque les conditions météorologiques ne sont pas favorables. Par exemple, je suis déjà allé faire du magasinage et quand je suis revenue à ma voiture, j’avais de la neige sur mon pare-brise, ou une plaque de verglas ou trop de neige autour de ma voiture rendant difficile un transfert en toute sécurité. Il m’est aussi arrivé de devoir transférer dans ma voiture sous une pluie battante - ce qui signifie que j'étais trempée. Je ne peux pas aller plus vite que je le veux - alors j'accepte généralement ce qui est : je vais me faire mouiller, à moins que quelqu'un ne me propose gentiment un parapluie et le tienne au-dessus de ma tête ! Mais par temps ensoleillé comme la plupart des jours à Oahu, je peux me débrouiller toute seule.

Ne devriez-vous pas demander si vous me voyez forcer ?

Là réside le dilemme. Beaucoup de personnes à mobilité réduite pourraient vous dire : ne demandez jamais. D'autres comme moi diront : demandez avec le sourire si vous n'êtes pas certain. Malheureusement, demander de l'aide est souvent plus difficile que de refuser de l'aide. Pour moi en tout cas.

Mais me voir forcer sur une pente raide ne signifie pas nécessairement que j'ai besoin d'aide. Les gens qui font une randonnée en montagne forcent. Mais les gens autour d’eux ne s'arrêtent pas pour leur tenir la main ou les pousser dans le dos sans demander pour les aider à grimper la pente ! Cela devrait être la même chose pour les utilisateurs de fauteuils roulants. Le fait que nous utilisions un fauteuil roulant pour nous déplacer ne signifie pas que nous ne pouvons pas aussi être des athlètes qui roulent ou qui profitent d'un peu d'exercice physique pour stimuler nos fonctions cardiovasculaires. Je dis souvent, les petits muscles que j'ai encore sous mon contrôle, j'aime les faire travailler autant que possible. C'est ainsi que je peux rester en forme et autonome, le plus possible. M'aider me priverait du peu d'exercice potentiel que je peux faire facilement toute seule.

Forcer physiquement est sain. Quand ça devient trop difficile, je peux toujours mettre de côté ma fierté et demander. Si vous remarquez que je perds le contrôle de mes roues, là, je vous demande d’intervenir !

Mais dans le cas où vous n'êtes pas sûr, et que vous voyez que je suis en sécurité, veuillez demander d'abord, car je n’aime pas être poussée dans le dos !

Alors quand est-ce que vous devriez offrir de l'aide ?

•       Offrez de l'aide lorsque la température rend la tâche plus difficile ou inconfortable pour moi. Du style, il pleut à boire debout !

•       Offrez de l'aide lorsque ma sécurité l'exige ou lorsque vous me voyez en détresse. Si je suis tombée par terre, par exemple, ou que je roule de reculons !

•       Dans tous les cas, offrez de l'aide avec le sourire et en me demandant d'abord.

Mais s'il vous plaît ! Quoi qu'il en soit, ne supposez jamais que je ne peux pas faire quelque chose simplement parce que je suis en fauteuil roulant ! Vous seriez surpris de savoir tout ce que je fais toute seule !


 
 

écrit par
Marjorie Aunos, PhD., est une chercheuse de renommée internationale, professeure adjointe, psychologue clinicienne et conférencière inspirante primée de Montréal, Canada.

 

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Marjorie Aunos

Marjorie Aunos, PhD., is an internationally renowned researcher, adjunct professor, clinical psychologist, and award-winning inspirational speaker from Montreal, Canada.

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